Intervention de Monsieur Sébastien BARLES sur --- LE PLAN SOBRIÉTÉ ---

Veuillez trouver, ci-dessous l'intervention de Monsieur Sébastien BARLES, Adjoint au Maire en charge de la transition écologique, de la lutte et de lʼadaptation au bouleversement climatique et de lʼassemblée citoyenne du futur, lors du Conseil Municipal du vendredi 4 novembre 2022.

 

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INTERVENTION CONSEIL MUNICIPAL

PLAN SOBRIETE

Monsieur le Maire, mes chers collègues,

Il y a un mois disparaissait l’un des plus grands penseurs de l’écologie Bruno Latour nous laissant cette citation en guise de testament :

« Le contraste entre le calme avec lequel nous continuons à vivre tranquillement et ce qui nous arrive est vertigineux. »

Depuis quelques mois le gouvernement et le chef de l’État ont mis le mot sobriété au coeur de l’agenda politique. C’est une bonne chose dans l’absolu mais on assiste à un dévoiement du concept ; à un exercice de « et en même temps » désappointant.

Pour nous écologistes, la sobriété est la pierre angulaire d’une transition énergétique et écologique socialement juste. Elle peut devenir une véritable boussole pour la mise en place de politiques publiques robustes favorisant la qualité de vie tout en répondant au défi énergétique, économique et démocratique du 21eme siècle. Le rôle des collectivités est essentiel pour accompagner ces changements de comportements et de modèles social et économique.

La sobriété est essentielle pour amortir les chocs énergétiques, mais ce n’est pas qu’une parenthèse, une couverture jetable pour passer l’hiver sans le robinet du gaz russe.

C’est le premier levier de résilience territoriale autour de l’autonomie ; de la maîtrise des ressources et de la limitation de nos dépendances pour assurer nos besoins fondamentaux. L’enjeu est bien de retrouver une autonomie énergétique et alimentaire territoriale inscrites dans les limites écologiques locales.

La sobriété est multiple et doit s’accompagner d’une approche systémique.

Il y a la sobriété foncière (utiliser le moins d’espace possible et limiter l’artificialisation des sols), la sobriété structurelle (penser l’aménagement du territoire en rapprochant lieux d’activités, de travail, de loisirs et d’habitation et de consommation), la sobriété d’usage (utiliser la juste quantité d’énergie nécessaire), la sobriété organisationnelle (interroger nos modes d’organisation collective afin de changer nos modes de déplacement, de travail, de consommation, d’habitation pour les rendre moins énergivores) et enfin la sobriété collaborative (créer du lien et de la solidarité entre les personnes par des activités favorisant le réemploi, le partage et l’échange)

l’objectif de la sobriété c’est bien de passer des 3 C du modèle consumériste (consommer / consoler / consumer) au nouveau paradigme écologiste autour de cette triade (adoucir / atterrir / ralentir) avec 5 grands axes stratégiques :

mettre fin à la surabondance par l’autosuffisance / remplacer l’artificialité par une nouvelle adéquation nature / culture / substituer la sobriété heureuse au culte de la vitesse / et la relocalisation à la globalisation / centralisation

Nombreux sont celles et ceux qui malheureusement vivent une sobriété subie. Concilier soutenabilité et justice sociale via une juste répartition des efforts de réduction des émissions de GES entre les catégories sociales selon leurs émissions et une planification territoriale tournée vers l’économie de subsistance et du care est fondamental.

Comme le pose très bien le GIEC, la “sobriété” est la seule voie possible pour réconcilier limites planétaires et justice sociale.

C’est ainsi que par le plan que vous venez de présenter Monsieur le Maire, notre Ville s’engage dans cette voie en posant un premier acte autour du volet énergétique. Vous nous l’avez dit ce plan sera suivi d’autres plans concernant l’eau, les déchets, le numérique.

Nous aurions préféré à ce séquençage une approche plus transversale et globale intégrant d’entrée l’ensemble des dimensions de la sobriété : du bâtiment frugal, au tourisme, à la mobilité en passant par les projets d’aménagements, d’économie circulaire, des low tech à la commande publique éco-responsable.

Il faut saluer le fait que ce plan affirme le principe de ne pas réduire le service public, de ne pas fermer les musées et autres équipements publics municipaux.

Il intègre par ailleurs bien l’enjeu des éco-conditionnalités pour l’octroi des subventions et de nos achats.

Il faut saluer également l’engagement du DGS, des DGA et des directeurs de service dans l’élaboration de ce plan qui doit être partagé par l’ensemble des agents de notre ville pour ne pas rester un vœu pieu.

Pour cela, ce plan doit s’accompagner d’un renfort important de ressources humaines pour mieux former aux bons usages des bâtiments et des services. Nous partons de très loin dans ce domaine par rapport à d’autres collectivités qui ont déjà des dizaines d’économes de flux en leur sein présents auprès des agents et des usagers. Nous renforçons progressivement nos services en la matière mais devons encore accélérer les recrutements pour sensibiliser les agents et les usagers,réaliser des économies importantes et répondre à notre ambition d’exemplarité.

C’est le cas également sur le volet efficacité du plan. Il faut recruter une dizaine de chefs de projets pour la rénovation énergétique de notre patrimoine et accompagner les dispositifs de rénovation à venir.

Enfin, après cette première étape, nous allons demain lancer des ateliers de co-construction de chartes d’engagements pour une ville sobre et résiliente avec l’ensemble des acteurs du territoire dans le cadre de la mission Marseille 2030 climatiquement neutre.

Commerçants, enseignants, artisans, entreprises, acteurs culturels doivent être embarqués dans cette aventure collective de la maîtrise de nos ressources pour vivre mieux ensemble.

L’Assemblée citoyenne du futur et la Cité de la transition seront des outils majeurs adaptés pour accompagner ces démarches participatives pour transformer notre ville en inventant de nouveaux modes de vie moins gourmands en ressources.

Ce plan ne peut être donc considéré que comme une première étape, visant à inscrire durablement, à la faveur de la crise, la sobriété à l’agenda des politiques publiques locales et des préoccupations de l’ensemble des acteurs économiques et de la population. Passé l’hiver, d’autres plans et d’autres mesures seront nécessaires. Il faudra alors, pour répondre au double défi du climat et de la crise énergétique, pleinement prendre en compte l’ensemble du spectre de la nécessaire sobriété et dédier de vrais moyens humains et financiers à la hauteur des ambitions que nous avons.

A ce sujet, Monsieur le Maire face la hausse de la facture énergétique pour les collectivités, le gouvernement a octroyé une aide pour les collectivités territoriales de 2,5 milliards €. C’est un premier pas mais il faut que le gouvernement aille plus loin.

Nous demandons l’indexation de la Dotation Globale de Fonctionnement sur l’inflation et un vrai bouclier tarifaire pour les collectivités.

De même, le fonds vert du gouvernement d’1,5 Mds € pour l’investissement n’est pas suffisant quand on estime à environ 10 milliards d’euros par an les besoins des collectivités pour la transition, soit près de 20 % de leur budget d’investissement. Nous proposons qu’une partie des recettes d’un impôt national soit affectée aux collectivités pour soutenir l’investissement dans la transition écologique, bénéfique pour l’emploi sur nos territoires.

D’autre part, il faut exiger du gouvernement un chèque énergie de 1000 euros pour les ménages les plus précaires, la généralisation de l’interdiction des coupures d’électricité générale et la mise en place d’un système de tarification de l’électricité inspirée de ce qui se fait sur l’eau sur certains territoires avec la gratuité des premiers KWH vitaux et un système de progressivité des tarifs de consommation afin de pénaliser les mésusages et le gaspillage énergétique.

Enfin, nous réclamons la taxation des super profits pour les grandes entreprises profiteuses de guerre et l’instauration d’un ISF climat pour les gros patrimoine ayant un impact sur le bouleversement climatique avec reversement d’une partie des 15 milliards de recettes escomptées aux collectivités.

Ce plan ouvre la voie pour de nouvelles politiques publiques fondées sur la résilience et la sobriété souhaitant rompre avec le modèle dominant de la domination, de l’aliénation consumériste et de l’accumulation de biens.

Permettez-moi Monsieur le Maire pour conclure de citer l’encyclique Laudato Si : « La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice. Ce n’est pas moins de vie, ce n’est pas une basse intensité de vie mais tout le contraire ».

 

Merci.

Courrier envoyé à M.BARLES

Réponse de M.BARLES

La Provence octobre 2023  M. BARLES

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